Lituanie, nature et baroque

Le plus méridional des états baltes affirme sa singularité, son ancrage européen et son potentiel touristique. Depuis les splendeurs de Vilnius, cap sur Kaunas et les plages de la Baltique au rythme des croix, des cigognes et des forêts.

1 – Le littoral entre mer et lagune

Imaginez 100 kilomètres de côtes où rien ne troublerait l’harmonie des plages, des dunes, des forêts de résineux, des flots marins… Difficile à croire et pourtant : à part les installations du port de Klaipéda, troisième ville du pays, c’est le cas en Lituanie.

Ainsi, à Palanga, importante station balnéaire, la grande rue commerçante et piétonne, s’arrête avant la mer. Seuls une jetée en bois, fort prisée au coucher du soleil, et quelques cabanons démontables témoignent d’une implantation humaine.

  • Malgré les destructions subies au XXe siècle, Klaipéda mérite un coup d’œil, en particulier les pans de bois du centre et la poste principale, rare rescapée d’une ville qui s’appelait naguère Memel. Elle marquait la limite orientale de l’Empire allemand jusqu’en 1918. Faute de pont, c’est ici qu’il faut prendre le bac pour l’isthme de Courlande.
  • Longue et étroite bande de sable, Courlande regarde aussi bien les eaux de sa lagune que la mer. Quatre villages alignent girouettes bariolées, jardins fleuris et maisons en bois rouge-brun souligné de bleu. Pour le reste, c’est un univers de pins et d’épicéas, d’oiseaux migrateurs, de cordons dunaires et de vents vivifiants… Une nature puissante où les fées et les sorcières ne sont jamais loin.

2 – Sous le signe de la croix

Le catholicisme est indissociable de l’identité lituanienne. Plus encore que les églises, c’est l’omniprésence de la croix qui s’impose – calvaires en bord de route ou chefs-d’œuvre en ferronnerie. Amoncelées par centaines de milliers, elles symbolisent la résistance à l’occupant russe dur la colline des Croix.

  • Autre puissant symbole, le château de Trakai marque l’apogée de la Lituanie médiévale, lorsqu’elle s’étendait jusqu’à la mer Noire. Résidence des grands-ducs, en ruine durant des siècles, la forteresse très « carte postale » fut rebâtie à l’époque soviétique. Dans le village, on découvre les maisons colorées d’une minorité ancienne du judaïsme, les karaïtes, avant de déguster leur spécialité culinaire, les chaussons fourrés.
  • Kernavé, classé par l’Unesco, semble anodin avec ses collines vertes qui surplombent la plaine et la rivière. Ce fut pourtant, du néolithique au Moyen Âge, un haut lieu défensif comme en témoigne un récent et riche musée. Tout près, un intrépide Français transforme peu à peu le dernier kolkhoze des pays Baltes en attraction touristique.

3 – Vilnus la flamboyante

C’est au XVIIe siècle et XVIIIe siècles que la capitale se pare d’édifices baroques puis rococo. Il serait vain de vouloir citer toutes les églises, chacune révélant son lot d’angelots, de draperies et de chapiteaux dorés. Deux exceptions toutefois, avec l’église orthodoxe du Saint-Esprits, dont la rutilante iconographie verte montre l’œcuménisme du baroque, et avec l’église Saint-Pierre-et-Paul, éclatante de stucs blancs en périphérie de la ville.

  • La vieille ville séduit par la coquetterie des ruelles pavées, la vue depuis la colline de Gediminias; les cours et les fresques de l’université ou le palais des Grands-Ducs récemment reconstruit. L’avenue Gediminas, les Champs-Elysées locaux, aboutit à l’austère parlement. Blocs de béton et barbelés y rappellent la lutte de l’ex-République socialiste soviétique pour son indépendance en janvier 1991.
  • Uzupis (« de l’autre côté de la rivière« ) mérite une mention particulière. Longtemps réputé pour son atmosphère bohème, ce quartier d’artistes a proclamé son autonomie en 1997. Il arbore fièrement son drapeau et une constitution des plus humanistes.
  • Le centre géographique de notre continent se trouverait en banlieue de Vilnius. Le vaste parc de l’Europe le célèbre avec une centaine d’œuvres plantées dans la nature par des artistes internationaux, parfois renommés.

4 – Kausnas, la discrète

Particulièrmeent vive au basket-ball, la rivalité Vilnius-Kausnas s’inscrit dans l’histoire. la deuxième ville fut capitale entre 1920 et 1940 alors que Vilnius était occupée par la Pologne. On parcourt quelques imposantes rues marquées par l’Art déco et le modernisme, avant de flâner près de l’ancien palais présidentiel, sur la place Rotuses ou le long du Niémen.

  • Ciulornis (1875-1911), artiste de génie et de gloire nationale, possède son musé à Kaunas. On y écoute des extraits de ses symphonies avant de s’imprégner de sa peinture influencée par le symbolisme et par la musique.
  • À proximité de la ville, le monastère baroque de Pazaislis est bien restauré. On y joint les plaisirs de l’art en admirant les fresques d’artistes italiens à ceux de la table du restaurant gastronomique situé dans l’hôtellerie.

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